Vue sur la cathédrale, la ville et le Rhône. Au loin, les montagnes d’Ardèche et du Vercors. Nous sommes sur le belvédère du musée de Valence. Comme un signal au milieu de la ville, le musée offre aux visiteurs une vue à 360° et, à travers ses collections, sur 400 000 ans d’histoire du département.

Deux circuits permettent de découvrir les collections de beaux-arts et d’archéologie. L’os coché est une pièce majeure : il pourrait être un calendrier reproduisant les phases de lune ou bien le rythme des levers et couchers de soleil. Avec le paysage comme fil rouge, sculptures et arts décoratifs nous font traverser le temps ; depuis son « invention » comme genre autonome au 16ème siècle jusqu’à sa relecture par les artistes contemporains et modernes.

Même si la peinture de paysage lui pré-existe, l’idée de faire entrer le paysage au musée – ou encore de faire du paysage un objet de musée – apparaît vers la fin du 18ème siècle. On porte alors une attention particulière à la conservation ou la reproduction de scènes de campagne. 1 D’un « salon d’objets d’art et de produits naturels » au musée que l’on connaît aujourd’hui, l’histoire du musée de Valence et de ses donations ont naturellement conduit ses administrateurs à proposer le projet de « musée paysage », lors de sa rénovation. Le bâtiment du musée lui-même, conçu pour valoriser sa dimension patrimoniale et présenter les collections dans une interaction entre le lieu et son environnement, a été rénové par l’architecte Jean- Paul Philippon, en 2013 – les collections d’art et d’archéologie étant déployées dans l’ancien palais épiscopale. Cette année, le musée fête ses 10 ans de réouverture en exposant les premières donations qui ont constitué son fonds dès 1834.

En 2023, deux expositions temporaires ont été l’occasion pour Parcours paysages de concevoir deux ateliers de lecture et d’expression paysagères

Théophile-Jean Delaye – un arpenteur du 20ème siècle

Valentinois, né en 1896, Théophile-Jean Delaye a effectué sa carrière de topographe au Maroc. Tout à la fois militaire, scientifique, alpiniste, artiste et illustrateur, il a cartographié pour la première fois le massif du Toubkal et produit de multiples aquarelles et croquis perspectifs. Contemporain des premiers systèmes de Parcs qui ont structuré la ville de Rabat, il a aussi participé à l’histoire de la valorisation des paysages et de la naissance du tourisme au Maroc. Il fait partie des intellectuels qui au tournant du siècle, prennent des initiatives et cherchent à convaincre les responsables politiques de la nécessité de protéger les sites et paysages de la nation. Il a été initiateur du premier Parc National du Maroc, le Parc National de Toubkal ( Chaîne du Haut Atlas ), établi en 1942 , afin de préserver les plus hauts sommets de l’Atlas, dont le Jbel Toubkal.

Découvrir les paysages traversés par Théophile-Jean Delaye et revenir sur l’histoire du paysagisme. Percevoir à travers les œuvres ce qui fait « paysage », questionner le potentiel de transformation des paysages et ce qui le rend éminemment politique ; un véritable défi pour ce premier atelier animé par Parcours paysages au musée !

L’Univers sans l’homme – les arts en quête d’autres mondes

Une réflexion artistique sur la place de l’homme dans la nature. Du sentiment de fragilité humaine qui se dessine en Europe à la fin du 18ème siècle aux promesses d’un nouveau monde matérialisé par des artistes tels qu’Anna-Eva Bergman ou Gilles Aillaud, ce parcours met en avant la relation que l’homme entretient avec son environnement. Auparavant envisagés comme de simples éléments décoratifs ou symboliques, les éléments naturels gagnent une identité et constituent l’enjeu fondamental des représentations individuelles et collectives. Le confinement de 2020 vient en échos au grand fantasme du 20ème siècle, notamment véhiculé par Yes Klein en 1960 :  » le théâtre du vide ».

Cette exposition a été un support pour aider les participants à comprendre ce que recouvre la notion de paysage, la manière de l’appréhender par l’observation, les sens, la photo, le trait, l’écrit. Dessiner son propre paysage.

1 – un objet de musée, le paysage de Jean-Pierrre Gestin, 1996 Persée.

Crédit photographique Parcours paysages

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