« Alpes-Maritimes, Hautes-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence et Var, ces départements du sud-est de la France ont connu …, sous l’influence de la tempête Alex, des précipitations records provoquant disparitions et dégâts matériels. »1-Le point… début octobre. « A Saint-Martin-Vésubie, des cumuls de pluies records ont été mesurés le 2 octobre : 500,2 mm en 24 h, soit un peu plus de trois mois de pluie. Cette valeur constitue un record absolu pour la station et pour l’ensemble du département des Alpes-Maritimes. »2 – PARN
QUE S’EST-IL PASSE ?
D’un cours rectiligne, les chenaux uniques des cours d’eau de la Vésubie et de la Roya et dans une moindre mesure celui de la Tinée, se sont transformés en quelques heures en cours d’eau en tresses, caractéristiques des cours d’eau à forte charge de fond, c’est-à-dire transportant beaucoup de matériaux (galets, sables et graviers). Le style en tresses est typique des rivières alpines à forte pente qui déposent leur charge en bancs de graviers et de galets sur leur cours, dessinant ainsi de multiples chenaux.
POURQUOI ?
« Les cours d’eau des Alpes Maritimes, comme la quasi-totalité des cours d’eau européens, se trouve en situation de déficit sédimentaire. C’est-à-dire que la capacité de transport excède largement le volume de sédiments disponible. »2 Le reboisement des bassins versants, ou d’autres interventions, ont contribué à réduire les apports sédimentaires vers l’aval, à favoriser l’enfoncement du chenal principal de la rivière et sa déconnexion des bancs de galets et des sous-bassins versants. « Les dynamiques des cours d’eau sont donc faibles et il faut des crues importantes pour remobiliser un peu de stock sédimentaire. La Roya et la Vésubie se trouvaient dans cette situation. »3-Johan Berthet
Le 2 octobre , ces cumuls de précipitations ont réactivé la dynamique des cours d’eau et surtout remobilisé les stocks sédimentaires. Les bassins versants ont changé totalement de comportement sédimentaire reconnectant ces stocks aux hydrosystèmes. « Les moindres petites ravines, cours d’eau habituellement secs, ont produit, et acheminé aux rivières principales, des volumes totalement incroyables de blocs, galets et sables. Les glissements de terrain déclenchés, ont apporté de grosses quantités de matériaux aux affluents. L’énergie des rivières en crues est venue saper les versants et les berges, même les plus hautes, contribuant à charger encore plus les cours d’eau en sédiments. »3
CE NOUVEAU PAYSAGE EST-IL DÉSORMAIS CELUI DE CES VALLÉES ?
L’eau de la Vésubie et de la Roya chemine aujourd’hui dans des lits remblayés, élargis, en plusieurs chenaux entre des bancs de galets. « L’épisode est historique. Certains ponts anciens, datant probablement du 19ème siècle, ou même avant ont été balayés…/… Le remblai des lits de la Roya et la Vésubie, semble avoir dépassé les terrasses alluviales du Petit Age Glaciaire – une période qui s‘est achevée vers 1850 et pendant laquelle les torrents étaient tous très actifs (on parle de la crise torrentielle du Petit Age Glaciaire, dont les causes sont climatiques et anthropiques). Les terrasses alluviales formées par la crue pourraient donc rester dans le paysage pendant des siècles. »3
COMMENT S’INFORMER SUR LE RISQUE D’INONDATION ?
« Le risque d’inondation, constitue le premier risque naturel en France, prenant des formes variées : crues pluviales, nivales, par remontée de nappe, submersion marine, crues et laves torrentielles. »1 Pour comprendre et s’informer sur ces risques il est possible de consulter par exemple les sites Géoriques et pour retrouver un historique d’événements passés les sites pluies extrêmes de Météo France ou la base de données historiques sur les inondations du Ministère.
1 – Le Point, Plongée dans deux siècles d’inondations en France, 06/10/2020
2 – Plateforme Alpes-Climat-Risques du Pôle Alpins des risques naturels (PARN), Retour météo France : tempête Alex 3-4 oct. 2020, 5 octobre 2020
3 – Johan Berthet, Docteur en géomorphologie, créateur du bureau d’étude STYX 4D, Premiers éléments d’analyse de la crue du 02/10/2020 de Roya et la Vésubie, article Linkedin, 6 octobre 2020
